Cie Galapiat – Parasites

  • De et avec Moïse Bernier, Thomas Garnier, Nicolas Lopez. Musique : Thomas Garnier et Nicolas Lopez. Textes : Moïse Bernier, Ronan Chéneau (extrait de Fées), Christophe Huysman (extrait de Hommes dégringolés), Patrick Kermann (extrait de Tristes Champs d'Asphodèle), Frank Wedekind (extrait de L'éveil du printemps). © Benjamin Lemay
  • Spectacle vu le 9 octobre 2015 à

La nouvelle création de la compagnie Galapiat, dont on a vu récemment la performance solo de Sébastien Wodjan, réunit trois hommes en habit sombre dans un univers apocalyptique et théâtral, car cette fois le texte est très présent. Moïse Bernier, le clown aérien à l’initiative de ce « poème musical et circassien », s’entoure de deux acolytes musiciens comme lui, Thomas Garnier à la guitare électrique et Nicolas Lopez au violon. Sur le plateau où tremblent des mâts plus ou moins bien fixés à des câbles tendus, le danger est omniprésent, comme dans leur premier spectacle.

Au début, tous trois ont les pieds en l’air et la tête prise dans un bloc de pierre dont ils mettent longtemps à se défaire. Ensuite c’est un bégaiement, une parole logorrhéique à la Valère Novarina ou Régis Hébette (ici Christophe Huysman ou Patrick Kermann) qui sort de la bouche de Moïse Bernier. Il s’agit d’angoisse, d’impossibilité à vivre serein, d’insomnies face à la souffrance du monde. A cette parole titubante correspond son pas hésitant, ses tentatives répétées de monter au mât qui échouent – mais après chaque chute, il remonte.

Parasites : ce titre étrange et sombre désigne le monde, les acteurs ou l’histoire de ce parasite qui colonise le corps d’un orthoptère et le pousse à se « suicider » en se jetant à l’eau, comme l’ont montré des scientifiques. C’est la parabole d’une société dont les citoyens abêtis se laissent guider, manipuler, conditionner sans réagir.

Le décor s’élabore petit à petit, le spectacle se crée sous nos yeux, dans un univers urbain où les mats chinois figurent des lampadaires et les câbles des fils télégraphiques, où le béton et la pierre se côtoient dans une lumière fuligineuse, toujours sur le fil du déséquilibre. On est happé par cette atmosphère visuelle et sonore qui fait écho à une certaine déliquescence contemporaine.

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