Cirque électrique – Steam, par Hervé de Keuleneer et Hervé Vallée

Depuis 2011, au-dessus du périphérique parisien à la porte des Lilas, la dalle aux Chapiteaux réunit le Cirque électrique, qui depuis 16 ans allie cirque et culture urbaine, et le théâtre du Samovar, spécialisé dans le clown. Pour inaugurer cet espace municipal, le Cirque électrique présente un spectacle dans l’air du temps, dans la lignée du cirque Plume et des compagnies présentes au festival Village de cirque, sur la pelouse de Reuilly, comme le collectif AOC. Soit un mélange de cirque, de théâtre de rue et d’ambiance post-industrielle dont témoigne le titre, STEAM, « vapeur » : vibrations électro-punk et paysages à la Mad Max, avec ces 4 grandes hélices de souffleries qui vrombissent.

Tandis que résonne une grosse basse électrique superposée à la soufflerie, une fille trash et sexy, super-héroïne en mailles transparentes, monte au trapèze et scie les airs du chapiteau. Vertige. Au centre de la piste est placé un grand module cubique qui bascule sous l’impulsion des athlètes suspendus aux arrêtes métalliques. Sur fond de néons stridents s’avance un jongleur aux boules pailletées. Et tout à coup, celle qu’on avait vue inerte s’anime : une princesse orientale envoûtante s’enroule à la corde sur une musique tribale. Son corps se contorsionne, elle agite des plumes de paon rouge électrique. Sur la toile du chapiteau sont projetés des signes, logos étranges qui collent aux bruits, aux sons. Les athlètes marchent sur leurs mains, sur des échasses, courent et grimpent aux mas, alertes. Ombrelles chinoises sur fonds roses, puis verts. La trapéziste poursuit son mouvement perceptuel, plus ample toujours, sans filet. Et puis, un clown post-moderne, flic burlesque entre Chips et Robocop, compose un rythme techno-scat en se tapant sur la tête et les genoux. Un trio contrebasse, batterie et claquettes lui succède, avant une apparition inquiétante façon Brüno ou Klaus Nomi, qui se dandine dans une raideur frénétique.

Steam, donc, c’est du cirque d’aujourd’hui, dépouillé des conventions à l’ancienne : l’orchestre à la papa est remplacé par une musique live et le décorum usuel par des machines de Science Fiction. Si le spectacle se présente de manière « imprécise et floue », il est exécuté avec une grande précision, dans une forme courte (55 minutes) qui en souligne l’acuité.

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