Rafaële Arditti – Sarkophonie

Un petit bout de femme grimée en clown moustachu, en tenue vaguement militaire, récite un discours farfelu sur la politique française, ou plutôt « rançaise ». Derrière l’estrade, placardé au mur à côté d’un drapeau français, cette banderole désigne le programme : « Donner une jamorité à la Rance pour qu’elle puisse pavancer ». A partir d’un discours réel de Nicolas Sarkozy, Rafaële Arditti a écrit une sorte de pastiche bourré de jeux de mots, dans un esprit Canard enchainé entre Raymond Queneau et les chansonniers, afin de mettre en évidence les non dits souvent malsains du « père-sident », ou « perd-sident ».

Les élections sont des « érections », le projet un « gros jet » (sous entendu : de petit masturbateur machiste) et l’autonomie des universités devient « lobotomie » des universités… Ce procédé phonétique très utilisé par les humoristes s’appelle l’a-peu-près : il consiste, souvent sous forme de lapsus, à dire un mot (légèrement déformé) à la place d’un autre… Par exemple, Coluche : « on a fait venir un savant de Marseille ». Exploité à fond durant plus d’une demi-heure, dans un discours qui vire à l’exercice de style, le procédé peut lasser, sauf quand le jeu de la comédienne reprend le dessus et que le flot de paroles bégayant vire au cri pathétique.

S’il s’agit de critiquer les mensonges des politiques en faisant entendre les intentions qui se cachent sous les mots, c’est réussi. Si cela se veut un spectacle de clown ou un show comique, ça l’est moins, notamment lorsqu’à la fin la comédienne se lance dans une chanson approximative, accompagnée à la guitare d’une Carla trouvée dans le public.

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