Arrêter de fumer tue, de Thomas Bidegain

Le fait de fumer a toujours été un sujet inspirant pour les humoristes, de Marc Jolivet à Gad Elmaleh en passant par Willy Roveli…  Seul en scène durant moins d’une heure, Marc Susbielle dit le court texte du scénariste et auteur Thomas Bidegain, qui relate son expérience d’arrêt du tabac. Mais plutôt qu’un sketch ou un pamphlet anti-clope, c’est une satire autocritique où l’auteur dit son regret de voir tout le monde arrêter de fumer, dévoile ses propres doutes sur le chemin de l’abstinence et fait le constat que la gauche l’a trahi en virant non fumeur à l’initiative des surfeurs californiens. Surtout, ce qui le dérange, c’est qu’une telle démarche soit toujours présentée négativement – d’où le paradoxe du titre. Pourquoi arrêter quelque chose plutôt que de commencer autre chose ? Et « pourquoi arrêter quelque chose que je fais si bien ? »

Thomas Bidegain n’est pas convaincu qu’il va être plus heureux en arrêtant a clope, il est conscient que les sept ans de vie gagnés sont des années terminales, sans sexe et sans mémoire. Peut-être n’aime-t-il pas être comme tout le monde, car le fait que la société entière refuse le tabac le dérange. Tenez, même Lou Reed, le rocker héroïnomane, demande au public de ne pas fumer pendant son concert.

Grand et sec, maintien assuré, Marc Susbielle occupe l’espace en sciant la scène de gauche à droite, incarne différents personnages, mais la scénographie et les lumières sont loin d’êtres soignées. On se demande dans quelle mesure la mise en scène de Karim Bouziane fonctionne dans une grande salle si peu remplie.

Bidegain, à travers le comédien, décrit son parcours du combattant à l’hôpital Européen Georges Pompidou (lequel était un gros fumeur, pourquoi pas le centre antitabac Serge Gainsbourg ?), ses séances avec des tabacologues qui lui donnent les mêmes explications physico-chimiques et des patients en voie de décomposition qui continuent à cloper maladivement… Il multiplie les remarques marrantes, regrette son score de 4 sur 10 au test de Fagerström alors qu’il a fumé deux paquets par jour pendant vingt ans, décrit son impatience et son impossibilité à penser, renomme les films de Claude Sautet au prisme de la clope, met en doute les prétendues économies de la sécu…

Alors oui, ce récit témoigne d’une plume et d’un esprit alertes (peut-être pas autant que dans ses chroniques sur France Inter), mais au fond il s’en dégage quelque chose d’anecdotique.

 

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