C’est la faute à le Corbusier

  • Comédie urbaine de Louise Doutreligne. Mise en scène Jean-Luc Paliès. Avec Catherine Chevallier, Claudine Fiévet, Valérie Da Mota, Ruth M’Balanda, Jean-Pierre Hutinet, Jean-Luc Paliès, Carel Cléril, Emilien Gillan, Jean-Baptiste Paliès.
  • Spectacle vu le 10 avril 2013 à

Le titre dit bien la forme du spectacle : une réflexion sur la vie dans les grands ensembles, ces cités et villes nouvelles construites après guerre et qu’on dit inspirées par le travail de Le Corbusier. La compagnie Influenscènes , installée à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), a baladé ce projet dans plusieurs communes du département avant de faire escale à la Cartoucherie de Vincennes. Sur scène, des comédiens occupent chacun un espace défini du plateau, divisé en autant de lieux distincts, ici un vélo, là un écran, ailleurs un groupe de musique ou un buffet… Deux architectes, en visite dans une résidence qu’il doivent réhabiliter, sont séquestrés par un gardien gaillard et quelques habitants qui tiennent à leur faire part de leur point de vue sur la réhabilitation de leur quartier, en leur montrant de force un documentaire. Entre les témoignages des riverains, on découvre ceux de la Cité radieuse, à Marseille, réalisation peut-être la plus réussie du Corbusier…

L’auteur, Louise Doutreligne, s’est rendu dans les lieux construits par Le Corbu, a rencontré les habitants, avant de composer ce projet documentaire et documenté, peut-être plus pédagogique qu’artistique… Le metteur en scène Jean-Luc Paliès interprète un architecte péremptoire en concurrence avec une collègue plus humaine, sourd aux demandes des habitants dont il va peut être raser les habitations, une tour et une barre qu’on imagine dans le 94, zone d’ancrage de la compagnie.

Du point de vue de la scénographie, C’est la faute à le Corbusier évoque un peu Vienne 1913, vu en janvier 2010 au théâtre du Lierre, devenu depuis le théâtre 13, qui imaginait la rencontre entre Freud et Hitler à Vienne en 1913… Dans cet autre spectacle conceptuel et sans doute plus réussi, chaque personnage occupait une zone spécifique de la scène. Mais si l’espace, ici aussi, est bien exploité, tout a une allure amateure, le groupe de musique qui répète comme dans un sitcom pour ados, les reportages vidéo diffusés sur un écran, la pièce dans la pièce quand les jeunes incarnent des habitants du quartier… Cette mise en scène donne au projet un air à la fois conceptuel et sans parti pris, l’intrigue elle-même semblant un prétexte à une réflexion en forme de thèse-antithèse-synthèse, au terme de laquelle Le Corbusier se révèle aussi peu responsable des grands ensembles qu’Einstein de la bombe atomique. Malgré, donc, un didactisme appuyé, ce projet vivant et actuel a une force indéniable : il s’ancre concrètement dans l’espace qu’il occupe.

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