Aymeric Lompret au Sentier des halles

Aymeric Lompret arrive exalté sur un rif de Noir Désir (« Tostaky »), levant ses deux bras frénétiques comme un fan de métal, en hurlant cette question rituelle au public : « Ca vaaa ? » La parodie du showman stéréotypé sert de fil rouge à ce show, court et amer comme un café serré, où filtre un mélange d’autodérision désespérée et de critique acerbe. Mais où sont passés les ouvriers, se demande-t-il ? Cette part importante de la population active (qu’il surévalue un peu) est invisible, sans qu’on se demande pourquoi. Ou l’art de poser des question pertinentes sans en avoir l’air…

Après son passage très punchy en première partie de Pierre-Emmanuel Barré à l’Européen, au Sentier des halles, la salle plus exiguë réagit un peu moins aux vannes du comédien. Révélé dans On ne demande qu’à en rire et vu dans la finale française de Jokenation, Aymeric Lompret trace sa route avec une personnalité, une assurance, une voix de gamin bien à lui… Et, surtout, cette nonchalance du mec que fatigue l’injonction au bonheur.

La figure du loser au bout du rouleau est si bien campée qu’on se demande si le gars n’est pas dépressif pour de vrai. Même s’il prend parfois son petit air coquin (comme sur l’affiche), en restant immobile et mutique pendant quelques secondes, cherchant toujours à casser le rythme d’un stand-up formaté à l’extrême. Ce faisant, le spectacle tourne court au bout de 50 minutes – ce qui nous laisse sur notre faim, avec l’envie de revoir un artiste qui ne nous aurait pas tout dit.

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