Gaëtan Matis dans Seul Ensemble à l’Apollo

Gaëtan Matis arpente les petites scènes depuis un bail (on l’a aperçu ici ou là), comme aujourd’hui le bordel club qui marche fort. Il se définit comme un mâle blanc de tradition catholique, un bobo parisien de gauche qui parvient à ne pas être bien pensant. Tout comme Blanche Gardin récemment honorée d’un Molière, on sent dans sa chronique sociale vitriolée l’influence de Louis CK, icône chancelante du stand-up américain.

Sa jeunesse à Thoiry, à côté du célèbre parc animalier, l’a sans doute rendu sensible à ces villes de lointaine banlieue où les familles bobos déménagent quand elles s’agrandissent : à chaque nouvel enfant correspond un nouveau mot dans le nom composé de la ville, observe-t-il. Partis de Châtelet-les-Halles, ils finissent par s’exiler à Montereau-sur-le-Jard, au bout d’une ligne de train de banlieue, jusqu’à ce qu’on ne les voit plus. L’humoriste évoque les femmes, la colonisation, répète très souvent le mot éjaculation, et n’hésite pas à évoquer sa passion pour la masturbation.

C’est avec ironie qu’il se définit comme « athée vénère » ou « athée salafiste », dans un autoportrait désabusé qui rappelle les autocollants « I love rien I’m Parisien ». Abhorrant Keen’V, un blanc avec un collier de barbe qui fait du reggae normand, il refuse de s’excuser pour ça et brûle de crier « not in my name » ! Gaëtan Mathis pourrait être le bon pote qui parle verlan et enchaîne facilement les jeux de mots, dont certains arrivent parfois comme un cheveu sur la soupe. On découvre un gars sympa, provoquant sans la jouer subversif à outrance, qui partage avec le public sa vie de jeune père de famille parisien.

 

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