Figaroh

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  • D’après les œuvres de Mozart et Beaumarchais. De et avec Davide Autieri, Leana Durney, Mathias Glayre, Carine Martin, Lucas Buclin / Guy-François Leuenberger (en alternance). Mise en scène Frédéric Mairy
  • Spectacle vu le 26 septembre 2015 à

Trois ans après l’Opéra dans touts ses états, on retrouve au Funambule cette troupe de chanteurs suisses dont l’objectif est de dépoussiérer l’art lyrique pour en faire profiter, sinon le plus grand nombre, du moins un public qui n’en serait pas familier. Une fois encore, ça fonctionne. Avec ceci de spécifique qu’en voulant rendre accessible Le Mariage de Figaro, chef d’œuvre de Beaumarchais mis en musique par Mozart, Davide Autieri et Leana Durney font cette fois appel à deux comédiens aussi jeunes et vifs qu’eux, Mathias Glayre et Carine Martin, pour se lancer dans une battle de genres qui devra servir leur commune cause de vulgarisation artistique. Ils sont accompagnés d’un pianiste virtuose, qui joue aussi bien les classiques qu’il les adapte avec audace, Guy-François Leuenberger – en alternance avec Lucas Buclin.

Dans une ouverture un peu lourdingue, les deux couples de comédiens feignent de jouer à chifoumi en inscrivant les victoires respectives du théâtre et de l’opéra sur un tableau. Ca devient plus fluide quand ils commencent à interpréter la pièce et l’opéra de Beaumarchais, alternant diction précieuse et airs chantés.

Pour signifier leur envie de désacraliser des genres a priori difficile d’accès, ils sont habillés en jogging et chaussés de runnings flashy, auxquels ils ajoutent des serviettes colorées désignant les différents personnages. Malgré, ou peut-être à cause de ce code couleurs tarabiscoté, le public non averti risque de se perdre dans cette œuvre complexe marquée par une série de travestissements, résultant de la volonté de Figaro de jouer un tour au comte qui courtise celle qu’il veut épouser.

Ce qui fonctionne, c’est ce télescopage de registres théâtraux (entre classique, moderne et café-théâtre) et lyriques (opéra, opérette, comédie musicale et dance music). Ça donne lieu à des interprétations échevelées, aussi bien chantée que parlées et à des parodies de comédie française façon Darras et Noiret. Certes, les clins d’œil aux spectateurs visant à casser le 4e mur sont peut-être un peu appuyés.

Finalement, ce spectacle réjouissant s’inscrit dans un entre-deux auquel le public du café-théâtre devrait être très sensible, mais qui risque de rebuter les puristes du théâtre comme ceux de l’opéra. Néanmoins, on salue la facile maîtrise avec laquelle les comédiens s’approprient l’œuvre de Beaumarchais et les chanteurs celle de Mozart, pour la triturer, la tordre et en donner leur propre version, amusante et guillerette.

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