Frangins, de Jean-Paul Wenzel

C’est à une double commande que répond l’auteur et metteur en scène Jean-Paul Wenzel (dont on avait beaucoup aimé 5 clés il y a cinq ans) en écrivant le trio Frangins : les demandes concomitantes du critique dramatique Jean-Pierre Léonardini et de Philippe Duquesne de leur écrire à chacun un duo. Cette coïncidence a motivé Wenzel à se lancer dans l’écriture d’une pièce qui semble assez vite troussée et n’évite pas les écueils du genre : trois frères se retrouvent chez leur mère moribonde plus de trente ans après leur dernière entrevue, avec, à la clé, un magot à chercher. Ils ont évidemment des caractères bien brossés, très distincts : le taulard en cavale (Jean-Pierre Léonardini), le poète reconverti en auteur de polars (Jean-Paul Wenzel) et le magicien qui passe à la télé (Philippe Duquesne), accompagnée de sa fidèle assistante (Hélène Hudovernik).

Les frères sont accourus dans cette maison insalubre parce qu’un mystérieux texto leur a dit que leur mère était mourante. Qui l’a écrit ? Est-ce cette amie d’enfance qui tient le tabac et les faisait fantasmer jadis (Viviane Théophilidès) ? La présence de cette femme fait résonner leurs souvenirs, réactive les émotions, suscitant à la fois engueulades et l’apaisement.

Certes, les dialogues sont vifs et touchent souvent juste, mais on dirait que ce texte n’obéit à aucune autre nécessité que cette double commande. De fait, on ressent l’impression que donnent parfois les pièces de théâtre produites avec peu de moyens, l’impression du caractère artificiel de personnages incarnés par des comédiens dont on se rend compte qu’ils ne sont rien d’autre que des comédiens, sans cet effet de réel dont le cinéma est porteur.

On ne peut pas dire que Jean-Pierre Léonardini soit ultra convaincant en évadé au style à l’ancienne, et Duquesne n’est pas non plus génial, hélas, alors qu’il peut l’être. Mais on passe un bon moment avec ces trois frangins et ces deux nanas qui, entre rires et tensions, nous transmettent un peu d’émotion et d’intimité partagée. Au fond, n’est-ce pas une version masculine et plus âgée des Frangines ?

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