Gadoue par la Cie Le jardin des délices

Chaque année, le festival Village de cirque investit la pelouse de Reuilly, comme pour cette 14e édition entre le 10 et le 14 octobre. En ouverture, ce mercredi 10 octobre, on pouvait assister à Gadoue aux côtés d’enfants issus de deux centres d’animations parisiens. Ce public de choix était assis en cercle sur les gradins entourant une estrade recouverte d’une couche d’argile blanche, parsemée d’amas comme des rochers. Un spectacle qui joue sur notre rapport au corps, à la terre, où l’homme civilisé retrouve son animalité – soit l’itinéraire inversé du spectacle Compost, présenté juste après.

Une silhouette débarque en costume immaculé. C’est Nathan Israël, au faux air de Russel Crowe, qui tient à la main une balle blanche dont le brillant contraste avec la glaise sèche. Il la pose sur sa tête, la fait rouler sur ses bras, ses mains et c’est plutôt bien effectué. L’enjeu pour lui, on le comprend assez vite, est d’éviter à tout prix de se salir. Ce qui l’amène, au moyen d’une série de contorsions grotesques ou athlétiques, à se dévêtir progressivement de manière à garder intacts sa veste puis son pantalon. On retient son souffle quand il tient la boule en équilibre sur sa tête et les enfants émerveillés poussent des oufs d’admiration quand il fait une pirouette réussie avec la balle. Surtout, leurs cris de dégoût résonnent fort sous le chapiteau chaque fois qu’il montre un nouveau bout de chair – jusqu’à ce qu’il termine en boxer. C’est le même dégoût enfantin qui explose quand la balle tombe sur la glaise qui éclabousse, ou qu’une fois imprégnée de cette argile blanche, la boule roule sur son visage et le macule de peinture.

Au final, on ne sait pas si Nathan Israël est un clown ou s’il est un athlète. Il y a quelque chose d’indécis dans le spectacle et d’un peu approximatif dans sa performance où il échoue parfois dans ses jongleries, chaque échec pouvant être valorisé comme un ratage clownesque. Mais durant 35 minutes, un univers se déploie, la pâte se fait et se défait, dans un retour à l’animalité de l’enfance choquant pour ces jeunes spectateurs qui en sont déjà sortis.

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