Héros-limite, de Ghérasim Luca. Mise en scène Laurent Vacher

Ghérasim Luca est un poète d’origine roumaine qui a exploré toute sa vie la dimension sonore du langage, en particulier de la langue française, à l’instar de ses compatriotes Tristan Tzara (fondateur du dadaïsme) ou Eugène Ionesco. Dans une lignée post-surréaliste, ses poèmes sont marqués par des répétitions, des jeux de sons et de mots, une langue dont l’émotion réside dans le son plutôt que dans le sens.

La mission de la maison de la poésie est délicate, surtout lorsqu’il s’agit de mettre en scène un poète aussi expérimental que Ghérasim Luca. Mais malgré l’étrangeté de cette langue difficile à appréhender, le passage à la scène est ici réussi. Sur une scénographie faite de formes géométriques, qui fait écho à la réflexion du poète sur les nombres (ainsi le titre du spectacle, Héros-limite, renvoie au chiffre zéro, évoquant le rond, l’infini…), le musicien et le comédien entament un vrai dialogue.

Johann Riche emporte le public dans ses airs d’accordéon rythmés par les battements de ses semelles et le comédien Alain Fromager dit à merveille ces poèmes qu’il connaît sans doute par cœur, en gardant pourtant toujours le texte sous les yeux, comme pour maintenir une distance entre lui et le poète. Le jeu est vif, la diction parfaite, la musique ponctue bien ces envolées phonétiques et lexicales. Bref, une adaptation qui rend plus accessible un des poètes les plus hermétiques qui soient.

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