La grande évasion de Paul Séré, Wahid Bouzidi et Booder

La grande évasion, c’est la réunion de trois stand-upers bien rodés, dont un vieux de la vieille, Booder, et deux ex-pensionnaires du Jamel Comedy Club, Paul Séré et Wahid Bouzidi, dans une parodie de film de prison. Les premiers à s’être lancés dans le street boulevard étaient Noom et Amelle Chahbi. La même gouaille et la même succession de vannes caractérise cette création où les comédiens passent leur temps à se charrier, dans ce registre humoristique où ils excellent.

Un Portugais costaud (Paul Séré), qui n’a évidemment rien fait de répréhensible, débarque en prison et se retrouve dans une cellule occupée par deux Reubeus guillerets, un gros qui vendrait sa mère pour un steak et un petit clown qui joue les gros bras sans impressionner personne. Le public découvre une succession rythmée de saynètes qui se terminent toutes par une chute ou un jeu de mots bien trouvé, et quelques motifs récurrents : l’écriture d’une lettre à quelqu’un d’extérieur et le passage à la douche où se découpent de dos les silhouettes de nos trois lascars, clin d’œil à la scène du Corniaud où Louis de Funès compare ses pecs à ceux d’un malabar.

Si ça commence de façon un peu bancale, l’atmosphère s’installe tranquillement mais sûrement, portée par cette ficelle comique usuelle qui consiste à jouer des parodies décalées de pièces classiques, genre Robins des Bois. Oui, pour sortir au plus vite, les gars ont un plan : la ministre de la justice devant visiter la prison, ils pensent réduire leur peine en participant à un spectacle. On assiste alors aux répétitions bordéliques d’une série de pièces qu’ils remixent à leur façon : l’Homme au masque de fer, Roméo et Juliette ou le Cid… Évidemment, personne ne veut jouer les rôles féminins, mais le costaud dirige ses deux voisins de chambrée dans des scènes romantiques qui amènent leurs lot de vannes sur l’homosexualité. On apprécie notamment la version street de l’Avare (incarné par le gros gourmand près de ses sous), ou ces allusions plus actuelles quand Paul Séré met des coups de pression en singeant le langage des signes de Kaaris et la voix aiguë de Booba.

Voici donc trois acteurs complémentaires, aux physiques et aux jeux variés, qui se font plaisir sur scène sans se prendre au sérieux. Booder fait le show en jouant avec assurance de sa physionomie d’une voix énergique, Wahid joue à merveille la nonchalance du lascar qui se fout de tout, et Paul Séré oscille entre une personnalité de bonhomme et des rôles parodiques de princes efféminés. Trois stand-upers reconnus en solo qui jouent ensemble une pièce parodique : l’entreprise était risquée mais ça fonctionne !

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