Maéva Hector, Je respire

    Je respire.
    À grandir, j’aspire.
    Tellement,
    Que je vous observe de tout là haut.

    Mon passé n’est plus,
    Mon futur n’est pas,
    Mon présent je veux vire.

    Libre,
    Je ne possède pas de chaînes.
    Fixe, au sol mes racines me figent, je suis Chêne.

    Mes mouvements sur place suivent le rythme du vent qui souffle et me touche.
    Au rythme du temps qui passe et laisse des traces, je pousse.

    Fort, toujours dehors,
    Debout, jamais à genoux.
    J’affronte la tempête,
    Lorsqu’elle frappe,
    Que le temps joue de la trompette,
    Que la pluie me trempe.
    J’aime faire trempette mais,
    Je m’agite quand l’intempérie attaque.

    Une branche craque.
    Un membre tombe,
    sous ces trombes.
    J’accepte.
    La sagesse ?
    Lui dire adieu avec tendresse.
    J’attends. Un jour elle repousse.

    Ma seule frousse ?
    Ma seule trouille ?
    Que l’Homme me chasse.
    Avec sa machette,
    Qu’il me dépouille,
    M’agresse, me tue.
    Qu’il m’achève,
    Que l’on m’achète transformé en papier toilette.

    Moi, Hêtre, je lui donne de mon être,
    Ce qui me gêne ?
    Que l’oxygène que je lui donne,
    à ça lui serve.

    Ma sève je lui ai offerte,
    mes fleurs, mes feuilles vertes,
    colorent la vue de leur fenêtre,
    mais ces êtres courent à ma perte.

    Bon sang !
    Maintenant je comprends.
    Ils disent « l’enfer c’est les autres ». Quelle bêtise.
    Je m’efforce de toute mon écorce
    À leur montrer l’exemple.

    Collez vos fronts à mon tronc,
    Sentez donc.
    Je ne suis qu’amour,
    Je transmets l’énergie,
    en moi, elle court.

    Je m’élève direction le ciel,
    mon essence est telle, l’essentiel. La terre, l’eau, le soleil suffisent.
    La nuit, les étoiles je vise.
    Ma vie, observer ceux qui,
    À mes côtés vivent.

    Cette fille, je l’ai vu grandir.
    Lorsque elle pleure ses malheurs,
    Qu’elle compte les heures,
    Qu’elle se lève de bonne humeur,
    Elle me contemple, moi,
    saule pleureur, non seul pleureur.

    Aujourd’hui, je l’ai vu écrire.
    Qu’à t elle bien pu dire ?
    J’aimerais bien le lire.

    * * *

    Ce texte fait partie des 37 poèmes reçus mercredi 15 avril 2020, lors de la deuxième scène confinée du Chat Noir. Retrouvez les autres dans ce compte-rendu.

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