Massine Jade Kelaï, La naissance d’un mec mortel

  • @Collin Knopp-Schwynderivative work Arlo Barnes, CC BY 3.0

Un jour, une amie qui avait de beaux orteils
M’a invité à dîner avec amitié dans son autel,
Au seuil de la porte elle m’a demande de me déchausser,
J’ai refuse et menacer,
De partir,
avant de me raviser et de lui dire :

Parfois, je regarde mes orteils et me dis,
« Ce qu’ils sont moches mes orteils, paradis »,
Je ne comprendrai jamais les gens qui sont fans de leurs orteils,
Qui les exhibe en plein jour,
Sous la lumière des étoiles et du soleil,
Avec adoration et amour,

Souvent, les gens qui ont de beaux orteils, ont de belles chaussures,
Je regarde mes chaussures et me dis,
« Ce qu’elles sont moches mes chaussures… quelle anomalure »,
Puis je me rappelle,
« Ils sont quand même la pour cacher mes orteils impurs »
Quoi qu’il en soit,
Je ne comprendrai jamais les gens qui sont fans de leurs chaussures et de leurs orteils,
Qui les exhibe en plein jour,
Sous la lumière des étoiles et du soleil,
Avec adoration et amour,

Les personnes qui ont de belles chaussures ont de beaux pantalons,
Je regarde mon pantalon et me dis,
« Ce qu’il est moche mon pantalon, ma braguette est ouverte et ma ceinture est baissée »,
Puis je me souviens,
« Ça reste quand même moins moche que mes orteils écarquillés »
Toutefois,
Je ne comprendrai jamais les gens qui sont fans de leurs pantalons et de leur orteils,
Qui les exhibe en plein jour,
Sous la lumière des étoiles et du soleil,
Avec adoration et amour,

Les personnes qui ont de beaux pantalons ont de belles chemises,
Je regarde ma chemise et me dis,
« Ce qu’elle est moche ma chemise, elle est mouillée à force de pisser contre le vent »,
Puis je me souviens,
« Ça reste quand même moins moche que mes doigts de pieds en éventail »
Cependant,
Je ne comprendrai jamais les gens qui sont fans de leurs chemises et de leur orteils,
Qui les exhibe en plein jour,
Sous la lumière des étoiles et du soleil,
Avec adoration et amour,

Les personnes qui ont de belles chemises ont de beaux chapeaux,
Je regarde mon chapeau et me dis,
« Ce qu’il est moche mon chapeau, moi qui veux jouer au riche mais qui n’a pas le sou »,
Puis je me souviens,
« Ça reste quand mieux que mes orteils qui veulent bien avoir l’air mais qui n’ont pas l’air du tout  »
Bien que,
Je ne comprendrai jamais les gens qui sont fans de leurs chapeaux et de leur orteils,
Qui les exhibe en plein jour,
Sous la lumière des étoiles et du soleil,
Avec adoration et amour,

Les personnes qui ont de beaux chapeaux ont de belles têtes,
Je regarde ma tête et me dis,
« Ce qu’elle est moche ma tête, toutes mes imperfections forment un pentacontagone »,
Puis je me souviens,
« Ça reste quand mieux que mes orteils qu’un musicien dans la rue a vu et qu’il a pris pour un xylophone  »
Si ce n’est que,
Je ne comprendrai jamais les gens qui sont fans de leurs têtes et de leurs orteils,
Qui les exhibe en plein jour,
Sous la lumière des étoiles et du soleil,
Avec adoration et amour,

Les personnes qui ont de belles têtes ont un beau corps,
Je regarde mon corps et me dis,
« Ce qu’il est laid mon corps, suis je toujours néandertalien ? »,
Puis je me souviens,
« Ça reste quand mieux que mes orteils qui me donne l’air d’être un alien »
Pourtant,
Je ne comprendrai jamais les gens qui sont fans de leurs corps et de leurs orteils,
Qui les exhibe en plein jour,
Sous la lumière des étoiles et du soleil,
Avec adoration et amour,

Mon amie commençait a rire jusqu’a la bossure,
Me proposant une idée vénale a l’allure sinécure,
M’avouer que sur twitter elle vendait des photos de ses orteils,
Et c’est la que je devins un mec mortel,
Ayant enfin accepte ses orteils.

Ce poème fait partie des 23 contributions reçues mercredi 20 mai 2020, à l’occasion de la 3e scène confinée du Chat Noir (dont le compte-rendu est à lire ici).

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