Il est un paon qui ignorait sa parure.
Les perles, les dorures, il les admirait tout autour.
L’exquise beauté, il la cherchait, la vantait. Un jour, il la trouverait.
Sillonnant les étangs, les bosquets, les champs, les marées, il s’émerveillait.
Autant de nuées de beauté, de puissance, de Jouvence dont il était dénué.
L’exquise beauté l’attendait. Dût-il la chercher derrière le Mont Sinaï ou au Colisée.
Ses yeux étaient emplis tel un verger florissant. La profusion des biens environnants débordait, jaillissait comme la source Zamzam. Source bénie, jamais tarie.
Pourquoi, aussi comblé fût-il de beauté, le paon poursuivait-il sa traversée ?
Pourquoi ses larmes ne cessaient-elles de ruisseler ?
La beauté, il s’en délectait pourtant.
A chaque souffle de douceur.
A chaque pas triomphant l’éreintement.
A chaque arbre, à chaque feuille, à chaque fourmi, à chaque paon, tous subjuguants.
Il s’en délectait, mais cette beauté n’était pas exquise.
Le paon vieillissant, était usé par sa quête sans fond, à travers les contrées et les monts.
Il s’assoupit.
Atteignait-il le crépuscule de sa vie? Avec la vacuité pour ultime compagnie…
Les secondes s’enchaînèrent, l’espace d’un déjeuner, ou bien d’une éternité.
Et c’est ainsi que les yeux du paon s’ouvrirent sur
Son reflet. Ils se mirèrent. Il se mira.
Une vague l’envahit. Ne sentait ni son corps, ni le froid, ni le chagrin.
Les tumultes de la vague lui firent voir son
Cœur. Son cœur.
Son cœur n’était qu’amour.
L’Amour parut et lui fit voir sa sublime parure.
D’un amour perdurant,
Son cœur lui fit goûter
L’Ultime.
L’exquise beauté.
Ce poème fait partie des 23 contributions reçues mercredi 20 mai 2020, à l’occasion de la 3e scène confinée du Chat Noir (dont le compte-rendu est à lire ici).