Pentimento – par Madona Bouglione et le Théâtre de l’Olivier

Le mot pentimento désigne l’altération d’une peinture montrant les traces d’une œuvre antérieure, comme un palimpseste. Ainsi Madonna Bouglione, héritière de la grande famille circassienne, propose une interprétation spectaculaire du Lac des cygnes, de Tchaikovsky, cherchant sans doute à en retrouver la force originelle.

De cette création entre cirque et ballet, qu’accompagnent les excellents musiciens du Pentimento Orchestra dirigé par Bruno Conti, on remarque d’abord l’esthétique soignée, costumes et décors de contes de fées – à l’inverse de ceux de Sarkha, vu le même soir… Autour de trois princes, jongleurs ou acrobates en magnifique costume, d’une danseuse éclatante en cygne blanc et d’une gymnaste – cygne noir qui enchaine les rotations de la jambe à 360 degrés, se déplacent des clowns aux ailes d’anges, moins drôles qu’à l’habitude. Jongleurs et gymnastes sautent en tous sens avec une fascinante virtuosité, les trapézistes s’envoient en l’air gracieusement. Une à une, cinq grandes boules blanches, comme celles qui clôturent chaque épisode de la série Le Prisonnier, descendent des gradins et arrivent sur la piste, rejoignant celles, virtuelles, projetées sur l’écran – création visuelle qui rappelle La Linea du dessinateur Osvaldo Cavandoli… Les séquences se succèdent ainsi, sans qu’on puisse saisir la cohérence qui les lie.

Comment utiliser le cirque pour raconter un ballet ? La difficulté est sans doute inhérente au projet, et on a parfois l’impression d’une accumulation de numéros, plutôt que d’un enchaînement racontant une histoire. Certes, la musique nous envoûte, mais sent-on vraiment la force du Lac des cygnes dans cette représentation pourtant esthétiquement aboutie ?

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