Raphaëlle Lavandier, 12 haïkus du confinement

    1.
    Ce matin j’ai coupé du bois mort
    Tisane de romarin
    Et je range des galets blancs
    Devant ma terrasse
    2.
    La vie en suspens – le rayon pur du soleil
    Couchée dans l’herbe verte
    Les yeux dans les yeux
    Avec le scarabée d’or
    3.
    Une gorgone
    Sortie d’un vieux tiroir
    Et la peinture la réanime
    Comme un poumon qui respire
    4.
    La maison se repose
    J’entends les morts rire un peu
    Seule entre ces murs
    À rêver du dehors
    5.
    Les chambres vides de l’enfance
    Me chuchottent encore quelques secrets à l’oreille
    Le souvenir des grandes réunions
    Silence
    6.
    Le monde – à l’arrêt
    Ce mur tout autour du jardin
    Le printemps qui s’en moque
    Et tous ces rêves qui se bousculent
    7.
    Ce vent qui souffle
    Sur mes terres
    Immobiles
    Et le chant des mouettes qui s’entend au téléphone
    8.
    Porter tout le monde
    En soi
    Ma tête réclame un courant d’air
    J’entends le mot : réanimation
    9.
    Une lassitude, un ennui
    Le jour recommence
    Deux papillons blancs franchissent les murs
    Horizon
    10.
    L’agitation nocturne dans ma tête
    Succède au calme du plein jour
    Et ce rayon de soleil
    Qui enflamme l’eau peinte du marais
    11.
    Le soir qui tombe
    Étincelles dans l’âtre
    Nos deux mains qui sonnent le tambour
    Et cette voix qui répond à la mienne
    12.
    Le ciel étoilé
    Un pincement au cœur
    Mille pensées s’éteignent
    J’éternue dans la nuit

    * * *

    Ce texte fait partie des 29 poèmes reçus mercredi 25 mars 2020, lors de la première scène confinée du Chat Noir. Retrouvez les autres dans le compte-rendu de cette restitution virtuelle.

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