Sony Chan – Sans Etiquette

Sony Chan est connue pour avoir participé à l’émission de Frédéric Lopez sur France Inter, tous les jours entre septembre 2012 et juin 2014. Elle y avait sa chronique décalée, entre autodérision sur son statut de fashionista hong-kongo-parisienne et considérations géopolitiques sur le monde asiatique. La même tonalité caractérise ce deuxième spectacle, où elle fait part de son refus d’être réduite aux étiquettes qu’on lui attribue. Si chaque association communautaire veut l’associer à une nouvelle cause, elle ne souhaite représenter ni les LGBT, ni les Chinois de Paris. Arrivée en France pour finir ses études d’architecture, elle s’est lancée dans les chroniques humoristiques et a signé un album d’électro imprégné d’influences chinoises.

A la fois engagée et superficielle, elle prétend critiquer le gouvernement chinois et se félicite d’avoir un visage en V qui la rend plus séduisante que la plupart des Asiatiques, parle en cantonais, donne un cours sur la façon de distinguer ses alliés de ses ennemis pour s’en sortir dans la vie. Elle verse dans l’autocritique décalée, reprenant ironiquement le cliché selon lequel les « Niakwés » sont tous les mêmes, et se fait toujours rattraper par son dégoût de la mode grand public. Car elle abhorre le prêt à porter de Zara, H&M et Uniqlo qui habille l’essentiel de la population – dont, bien sûr, ses spectateurs – de polyester et de polyamide bas de gamme. A l’inverse, pourquoi ne pas se vêtir d’un gilet Chanel écoresponsable à 4500 euros, quitte à se prostituer pour y parvenir ? Sony Chan se plait à distiller un cynisme un peu faux, critiquant les périphrases du politiquement correct sauf quand elles l’atteignent directement…

Dans la promiscuité du Sentier des halles qui contraste avec les immenses salles qu’elle pourrait remplir à Hong Kong (blague), on découvre une personnalité touchante, aussi attachée au respect de son identité que réticente à la livrer pour de vrai. De sorte qu’à la fin, cette volonté d’en finir avec les étiquettes masque le reste du spectacle.

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