Christophe Alévêque dit tout

De retour au Rond Point, quatre ans après avoir été « Super Rebelle », Christophe Alévêque s’affirme toujours mieux dans l’exercice de la revue de presse. Alévêque a disséqué les journaux, en a tiré des faits marquants et il nous en donne la quintessence comique, satirique surtout. Son interprétation est toujours échevelée, il pousse des coups gueule, dit son aversion pour Ségolène Royal, « l’allumée du Poitou » qu’il a croisée sur des plateaux télé (ça vire presque au règlement de compte), évoque pour la première fois le Front National vu le résultat des Européennes, n’insiste pas sur la disparition de Copé qui, comme d’autres nouvelles, lui donne pourtant un début d’érection, explique la différence entre droite et gauche d’une façon un peu vulgaire mais bien vue : à droite on t’encule franchement, à gauche on le fait poliment et en douceur, après t’avoir demandé de faire un demi-tour sur toi-même.

Sous le gouvernement actuel qui parvient selon lui à réunir les défauts de la droite et de la gauche, Alévêque est presque plus inspiré que sous Sarko (« il est vilain » !). Un producteur de film refuserait le scénario gouvernemental porté par un Hollande (« il est beau ! ») qui va forniquer rue du Cirque, un ministre exilé fiscal chargé de lutter contre la fraude fiscale, ou un conseiller qui se fait cirer les pompes (à 10 000 euros) à l’Élysée… Tous ces politiques mériteraient d’être nasulés, ce néologisme de son cru qui signifie sodomiser par le nez. La réalité dépasse la fiction, il jubile et il est atterré, invitant finalement les spectateur à une « réunion citoyenne » pour défendre le statut des intermittents, car « la culture en France rapporte plus d’argent qu’elle n’en coûte ».

Tout l’énerve, en particulier les concerts de protestations unanimes, comme pour l’enlèvement de collégiennes nigérianes par la secte Boko Haram – littéralement « l’éducation occidentale est un pêché » – qui n’avaient de toutes façons pas d’avenir, « puisque ce sont des filles et qu’elles sont noires ». Quant à Léonarda, d’abord elle était grosse, puis son père était con… Il choque, oui, mais dans un esprit de catharsis libératrice, « Lâchez-vous, c’est fait pour ça ! »

Finies les digressions sur sa vie comme dans Super Rebelle, ce show ne repose que sur l’actualité du jour. Les musiciens ont disparu, remplacés par un pote à la guitare qui parait par intermittence, lorsque l’humoriste est découragé, entamant toujours la même rengaine réconfortante : « Ça ira mieux demain ! » Avec ses mimiques éberluées, il tient en halène le public durant plus d’une heure et demie, surprenant toujours, en choisissant sur le vif les sujets qu’il développe. Alévêque est un chansonnier politique aux saillies qui font mouche, doté d’un côté misogyne qui entretient gentiment son aura sulfureuse.

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