Diane Bonnot – Le monde merveilleux de Virginia Vulv

Voici, seule en scène dans un projet aussi improbable que le lieu qui l’accueille – une salle de répet’ à la pointe de l’église St Eustache – celle qu’on avait découverte dans la Taverne Münchausen et retrouvée dans la dernière pièce d’Édouard Baer, Miam Miam. Comme d’autres projets de la compagnie des Femmes à Barbe, ce happening artistique au second degré, déjà testé lors de plusieurs festivals de rue, apporte une bouffée d’air frais à la scène parisienne enferrée dans son comique en vase clos.

Dans cette performance unique, originale et folle, la comédienne invente une artiste deglinguée de 50 ans, à mi-chemin entre Virginia Woolf et l’artiste mutante Orlan, qui intègre des vulves dans toutes ses œuvres. A la fois commentaire artistique (genre Alex Vizorek) et happening, ce show se déroule en deux temps : d’abord une prof de TD, rat de bibliothèque en lunettes et bonnet, analyse les dessins fourmillants de symboles sexuels du carnet retrouvé de Virginia Vulv. Elle nous apprend que le père de Virginia, artiste junky, est mort en fécondant sa mère et que depuis ce traumatisme mêlant la vie et la mort, l’artiste comble le gouffre de son angoisse avec des pelotes rouges, des vulves et des poings tendus…

Ensuite apparaît le personnage fou et débridé de Virginia Vulv, qui entame une performance explosive façon Elephant Man en recouvrant son visage de pâte à pain, avant de faire cuire au four des petits pains ornés de crêtes qu’elle distribue aux spectateurs. On retrouve ce jeu qui avait électrisé Miam Miam et qu’elle partage avec Arnaud Aymard : la folie à demi-mot d’une femme hystérique ou droguée, artiste les nerfs à vif qui passe en un instant de l’abattement à l’exaltation.

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