Denis Barré – Tout va à vélo, mise en scène Philippe Ferran

On a vu (ou pas) Denis Barré à la télé dans des feuilletons comme Boulevard du Palais ou PJ, il a joué au théâtre et au cinéma. Philippe Ferran, metteur en scène des one-man-show de Jacques Villeret et de Smaïn, s’est entiché de ce comédien duquel il ne tarit pas d’éloges. Sur scène, un banc et un vélo que répare le comédien, quand il n’écoute pas son walkman. Voici la confession exaspérée d’un gars qui l’a mauvaise parce que sa femme, belle il y a vingt ans, est devenue un « tromblon qui pendouille » et qu’elle couche avec son meilleur pote. Sans illusion, il n’a pas de « projet de vie » et ne sait pas quoi faire pour changer le monde.

Le texte semble lu plutôt que dit, sans l’oralité des artisans du stand-up, dont Denis Barré ne semble pas partager le souci de créer du rythme et des interactions avec le public. Ainsi lorsqu’il interpelle les spectateurs, c’est en leur demandant à la fois de parler et de se taire, un peu à la façon de Dieudonné , mais sans naturel : « non, ne parle pas, ne dis rien ». Le quatrième mur est ici une muraille.

Denis Barré joue le mec qui lose, broie du noir, se pose des questions et brasse pas mal d’idées rebattues, à moins que ne surgisse ici ou là, une phrase originale : « Pourquoi les gens travaillent ? C’est parce qu’ils ont peur de glander ». En affectant un parler gouailleur qui semble un peu forcé, il tire sur des ambulances comme Mireille Mathieu, qu’il compare à Blanche Neige et croit morte, avant une discussion de comptoir avec Saint-Pierre à l’entrée du paradis. Il va chez le psy, un arnaqueur qui s’endort en l’écoutant (« c’est ça l’écoute flottante ?»), puis met dans le même sac les top models qui ne savent rien faire, les secrétaires qui font fantasmer et les « putes ».

Le comédien est sans doute bon au cinéma ou au théâtre au milieu d’une troupe, mais là, seul avec son histoire décousue et ce mal-être présenté dans sa banalité, il ne fait preuve ni d’humour, ni d’esprit. De la figure du loser si fréquente dans le comique, Denis Barré tire une interprétation fielleuse qui ne décolle pas. Il parvient sans doute à créer un univers, mais cette confession sans surprise ne semble pas faite pour un one-man-show. A moins que ça ne soit un « seul-en-scène ».

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