Elise Rabia, Printemps de Bourges

    C’est le Printemps, les gars, les pollens me piquent les sinus,
    Fuck tout le monde panique, on crie pas nous, on CoronaVirus
    Et puis je reçois un mail de ce gars qui s’entête, Qui veut que nous sortions tous notre jus de poète,
    Il me dit « balance la sauce wesh » mais si je suis honnête, J’suis confinée ma gueule t’auras que mon jus de chaussettes.
    Vous êtes où les gens ? Ça fait 4 jours que je me casse les dents sur vos chaînes de messages, Vos beaux discours en blouse blanche qui foutent la rage.
    Moi j’aimais vous toucher, caresser vos visages, J’avais toujours une idée bancale, prête à tout pour qu’on se tire en cavale.
    Mais la j’suis confinée ma gueule, je bois ma tisane de bobo En mettant des pansements sur mon âme RocheBobois.
    Il y a des virus qui ne s’expliquent pas.
    C’est le Printemps des Bourges qui fleurit sur les réseaux, on se parle de bien être, de yoga, de nos kilos en trop.
    On se dit pas comment ça va mais t’as pas tué tes gosses ? J’ai rien compris à sa leçon de maths, y’a trop de devoirs c’est atroce.
    Y’a toujours des gens qui crèvent de faim mais je m’en souviens plus mec, mon chariot est bien plein, PokeBowl et Soja t’inquiète.
    J’suis confinée ma gueule, le Printemps a fleuri, ça m’arrache un peu la gueule qu’on soit des cons finis.

    * * *

    Ce texte fait partie des 29 poèmes reçus mercredi 25 mars 2020, lors de la première scène confinée du Chat Noir. Retrouvez les autres dans le compte-rendu de cette restitution virtuelle.

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