Elodie Marie, Vis à vie

    Latente épidémie, décalage et lenteur
    éternelle attente durant de lentes heures,

    à présent emmurés, on vit un jour sans fin
    au mur encore les mêmes couleurs de papier peint

    j’ouvre la fenêtre croyant à l’aube d’un jour nouveau
    mais là mes doigts crispés se resserrent sur les barreaux

    contrainte de côtoyer l’entourage immédiat
    confinée, je m’octroie l’infime espoir de croire

    qu’in fine tout cela pourrait n’être qu’un leurre
    Chaque jour à l’aube céans a toujours la même odeur

    Certains croient sombrer dans les abysses d’un océan
    mais savent-ils réellement ce qu’est l’enfermement ?

    Mon père, ça fait sept ans qu’il est claquemuré
    il s’est inventé un monde où tout est figé

    il réside un goût fade d’éternité dans sa bouche
    l’air absent, ébahi, pour lui plus rien ne bouge

    il a appris à s’accrocher au fil du temps très tôt
    et ainsi a pu garder la tête hors de l’eau

    plus d’envie, plus de manque, il est sorti du rang
    prostré dans un monde opaque que lui seul comprend

    s’il courbe parfois l’échine, son expression en dit long
    il a perdu le fil des mots, on parle en son nom.

    Vous qui craignez quelques semaines d’isolement
    pensez à tous ceux qui le vivent quotidiennement

    soyons forts, soutenons-nous, vivaces et présents,
    tous solidaires, seule manière d’en sortir vivants.

    * * *

    Ce texte fait partie des 29 poèmes reçus mercredi 25 mars 2020, lors de la première scène confinée du Chat Noir. Retrouvez les autres dans le compte-rendu de cette restitution virtuelle.

    Leave a Reply

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

    *

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.