Grégoire Pellequer, Quand le Système s’arrête

    C’est quand le système s’arrête que l’on se rend compte qu’il y a un système. Un virus chopé en Chine sur un marché, et la mondialisation a fait que, de poignées de mains en échanges internationaux, la propagation s’est vite fait. Alors pour arrêter cette propagation mortelle, les gouvernements, unanimement, ont décidé de tout arrêter. Fermés les restaus, lieux de loisir, bars, cinémas, piscines. On a été prié de rester chez nous. Si on sortait, des policiers nous verbalisaient, avec l’aide de drones pour nous localiser. Franchement ils étaient prêts pour la dictature. J’étais, nous étions à mille lieues de penser que, par un simple ordre, ils pouvaient tout arrêter.

    Et, de notre cage, nous regardons les oiseaux voler, pour une fois, ce sont les humains qui sont enfermés. Nous ne pouvons que nous rappeler comment était la société où nous allions danser, nager, partager nos poèmes et nos rages dans les bars.

    Nous pouvions tout faire, c’était la démocratie, le système était en marche, l’école pour les petits, l’entreprise pour les grands, on allait, on venait, on faisait des coucous à notre famille et nos amis, on trinquait au verre de l’amitié, on était sage, on faisait l’amour ou on s’engueulait, y’avait des riches, très riches, des pauvres, très pauvres, des voitures, des avions, du tourisme à outrance et nous visitions, trinquions à ce monde et à cette réussite et nous félicitions d’y appartenir. Mais ce colosse, comme dit la chanson, avait des pieds bien fragiles.

    Et un petit virus, un petit méchant virus a eu raison de tout cela, et sème la terreur sur son passage, il a fait taire tout ce bruit artificiel de notre planète ; la nature en a eu marre de crier, elle nous a envoyé ce poison pour se faire respecter, et alors que la nuit vient, que les chiens aboient et que les derniers oiseaux du jour vont laisser place à ceux de la nuit, que l’air que j’hume est frais comme un nouveau jour, je peux dire, quel calme !

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    Ce texte fait partie des 29 poèmes reçus mercredi 25 mars 2020, lors de la première scène confinée du Chat Noir. Retrouvez les autres dans le compte-rendu de cette restitution virtuelle.

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