Manuel d’engagement politique à l’usage des mammifères doués de raison et autres hominidés un peu moins doués

Une télé est posée sur scène. Le spectacle commence par l’instant célèbre où Giscard donne maladroitement congé aux Français en tournant le dos à la caméra. Il ne s’agit pas d’une expérience scénique novatrice mais d’un spectacle plutôt traditionnel où le philosophe et comédien Yves Cusset disserte sur l’engagement politique. « A quoi ça sert de prendre les transports, si notre seul horizon c’est la mort », scande le comédien, imaginant une manif dans la tête des usagers du métro.

Il est question d’individualisme triomphant, d’écrans plats où défilent des publicités abêtissantes chez les gens reclus craignant l’extérieur, la rue, le monde. La prise de conscience vient au leader (« celui qui passe beaucoup d’heures dans un lit ») dans un rêve montré par un court-métrage maladroit et peut-être inutile, après lequel il se résout à écrire un spectacle engagé. Refusant le « bonheur forcé » de la consommation, Cusset fait la lecture du Capital de Karl Marx, puis joue avec des marionnettes une reconduite musclée par la police aux frontières au nom de l’identité nationale.

Le texte, très bien tourné, est truffé de jeux de mots filés en longueur : « être de droite, c’est naturel, même si à droite il y a des conservateurs », ou de réflexions porteuses de sens : « être engagé, c’est être engagé à gauche ! », qu’on préfère aux calembours usés du genre « hernie fiscale ». Quant à ses deux parodies de Boris Vian, elles sont à l’image du spectacle : bien écrites mais désuettes. En plus, Yves Cusset déclame comme un comédien classique, d’une façon qui sied mal au genre du one-man-show, sans varier son jeu. On vient pour écouter un texte plutôt que pour voir un spectacle.

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