Pascal Légitimus – Alone man show

Sur scène, deux armoires, l’une blanche et l’autre brune, symbolisant deux lignées familiales. Si l’on sait que Pascal Légitimus est d’origine antillaise, ses racines arméniennes sont largement méconnues. L’esclavage côté paternel, le génocide arménien côté maternel : comment faire rire avec ça ? Après les traditionnels trois coups, poursuivis en rythme par une musique tribale, Pascal Légitimus fait irruption déguisé en sauvage portant pagne, sagaie et étui pénien. Vidéo à l’appui, il évoque trois siècles d’esclavage, de l’Éthiopie à la Guadeloupe, avant ce sketch d’un esclave qui croit partir en vacance alors qu’il est dans un bateau négrier.

Légitimus présente une biographie théâtrale plus émouvante qu’hilarante. Il évoque son enfance à l’école où il était le seul Noir (on voit sur l’écran la photo du petit Pascal en classe), sa « coupe affreux » et les icônes de son adolescence, Marvin Gaye, Angela Davis, Martin Luther et les Black Panther. Il raconte ensuite ces castings où on ne lui proposait que des rôles d’Arabe fourbe et agressif, ceux-là mêmes qu’il parodiait ensuite avec les Inconnus. Trouvaille amusante, une sonnerie retentit chaque fois qu’il prononce le mot « juif » : c’est son « pote humoriste métis » qui l’appelle, énervé (on aura reconnu Dieudonné). « J’ai toujours accepté la différence » dit-il, mais sa tolérance à des limites, notamment avec le copain de sa fille, recouvert de piercings et dont la langue est fendue en deux (« t’es bilingue ? »). Entre danse folklorique arménienne et zouk collé-serré, il finit par danser un « zouklorique » et scande un rap à la Booba.

Trente ans ont passé depuis le Petit Théâtre de Bouvard où Pascal Légitimus s’est fait connaître avec Bernard Campan et Didier Bourdon (ainsi que Smaïn et Seymour Brussel). De cette époque, ce « nègre fin » à la « couleur entre deux chaises » a gardé un esprit et des calembours à l’ancienne. De fait, le comédien est moins a l’aise pour tchatcher au naturel que pour se lancer dans des sketchs où il compose, au besoin, les faciès les plus variés, en particulier celui de sa grand mère antillaise… Ce faisant, il évite l’écueil d’un stand-up communautaire et sans enjeux, tout comme celui d’un propos acrimonieux façon Dieudonné pour dire, sans haine ni concession, une vérité historique dure à entendre.

LA PUNCHLINE : « Bonjour M. Vincent, je m’appelle Abdallah de Bourgogne et je m’en vais comme un prince », qui condense trois répliques cultes extraites de sketchs des Inconnus : Les Envahisseurs, Tournez Ménage et Le Chevalier de Pardaillec, la fiction moyenâgeuse d’Antenne 2.

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