David Salles – Pourquoi j’ai pété les plombs

C’est rare dans le one-man show, David Salles sait tout jouer, et passe d’un registre à l’autre avec une facilité incroyable. Du début à la fin de cette heure qui passe trop vite, tout est parfaitement réglé, déréglé peut-être, tant le personnage ne cesse d’exploser et le spectacle de rebondir. Sept ans après son premier show, le comédien est de retour au Point Virgule. Entre temps, il a notamment fait un spectacle sur ses racines siciliennes et mis en scène Fabrice Éboué et Alexis Macquart. On le découvre sur scène comme chez lui, en chaussettes, s’embrouillant avec sa copine avant d’aller au spectacle.

S’il reprend certains personnages de Tous ego, comme cet aristocrate en vison alliant préciosité et cruauté sadomasochiste qui prône le retour à l’âge des châteaux et meurtrières, des tortures et meurtrissures, il se renouvelle. Comme Giscard s’invitait à dîner chez les Français, lui peut rester plusieurs mois chez un spectateur pour trouver l’inspiration : ainsi, pour épauler ce gars submergé de factures dans son 12 mètres carrés, il écrit des lettres d’insultes à son propriétaire, à l’EDF et au service de l’eau. Des missives bien tournées où il se fâche pour relâcher la tension. Finalement, c’est à sortir de sa « vie de merde » que David Salles appelle chacun d’entre nous.

Tout au long du show, il tisse un lien affectif avec les spectateurs à qui il demande si ça va, une fois qu’il a pété les plombs. Il reproche par exemple à une spectatrice d’être venue en pyjama, d’une façon à la fois énervée et très humaine, en lui jetant un regard de braise pénétrant.

Une dimension spirituelle absente de la plupart des one-man-show éclate quand le comédien évoque sa soif d’infini, lorsqu’il goûte les paysages des Pyrénées, chez son beau-père à la voix vibrante qui évoque le son d’une guimbarde ou un chant de gorge. Mais rien à faire, ni le tai-chi, ni la thalasso, ni la nature n’ont raison de son exaspération !

Périodiquement, donc, il s’énerve, annonce qu’il va se faire péter les côtes comme Marilyn Manson à qui il ressemble dans un intermède de hard rock frénétique en slip et talons. Car l’imminence de la fin du monde, annoncée en première partie par Olivier de Benoist dans un inventaire poussif, justifie tout. Ses gestes sont précis, retenus ou violents, son visage et sa voix changent : on ne s’ennuie jamais dans cette virée hors des sentiers battus par l’humour actuel.


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