Passée une première partie un peu terne de Bastien Morisson, à la fois stand-uper et prof de science éco, l’arrivée de Sami Ameziane fait mouche. Il attaque très fort en vannant son propre théâtre, une cave abritant « un garage avec des fauteuils rouges ». Après avoir « essoré le premier spectacle », 1,2 millions de places vendues à l’en croire, le Comte termine déjà l’exploitation de ce numéro 2, avant un 3e volet très prochain… A la fin, il offre à un spectateur son livre Amazing, qui raconte sa carrière de basketteur à l’université du Connecticut, et répond pour de vrai aux questions du public, redonnant un sens à ce leitmotiv du one-man-show : « vous avez des questions ? ».
Suivant la veine de critique rap engagée dans le premier spectacle, il s’attaque cette fois aux paroles de Maître Gims qui s’« autodéteste » (« t’as appris le français dans une auto école ? ») et fait rimer « Bonaparte » avec « bon appart ». Cette fois, il englobe dans sa diatribe les chanteurs français, comme Johnny, Gilbert Montagné ou Serge Lama qui a fait beaucoup pour la déprime nationale. Le comédien déborde de mimiques grotesques et hilarantes pour incarner certaines personnes comme sous l’aspect de « bourricots » arriérés ou monstrueux – quitte à renforcer le cliché du rappeur analphabète que certains fans de rap prennent au premier degré. En revanche, il revient sur les gitans, sujet polémique du premier show, de façon beaucoup plus consensuelle, mais toujours drôle. Le comte multiplie les traits d’esprit incisifs et les accumulations bien ciselées, quand il décrit les coureurs du tour de France, « casque de chantier, chaussures d’escrimeur, truc moulant, merguez latérale », ou ces policiers à vélo qui ont abandonné leurs rêves d’enquêtes en grosse cylindrée. Bientôt, imagine-t-il, il y aura des flics en trottinette avec casquettes à hélices et matraques en sucre d’orge.
Fini les sketchs, Sami Ameziane effleure ici les sujets de société avec une certaine légèreté et toujours beaucoup d’esprit, la manif pour tous, la province et la banlieue, les gilets jaunes ou les retraites, d’un œil neuf, à l’exception d’un passage un brin dépassé sur des sites de rencontre (le spectacle tourne depuis un moment). Il parle aussi de son père, des déjeuners familiaux où il passe pour le tonton célibataire et loser, tout comme cette « rue de la lose » où il a grandi, à Saint-Denis, qui concentre les pompes funèbres, la morgue, le cimetière et l’hôpital psy. Bref, un regard à la fois social et fantaisiste sur l’époque, dans un show dont on garde en mémoire la bonne ambiance.
One Comment