Cirque Plume – La dernière saison, à la Villette

Après 25 ans de spectacles à l’esthétique léchée, voici malheureusement, à les en croire, le dernier spectacle du Cirque Plume. C’est d’abord un très beau travail sur les sons et les lumières. La scène s’ouvre en profondeur sur une succession de tulles subtilement éclairés, en présence de musiciens si exceptionnels qu’ils pourraient se suffire à eux-mêmes. Cette scène n’est pas circulaire mais frontale, à l’image de cette boite noire que le metteur en scène Bernard Kudlak définit comme une boite de lumière, dont la mécanique est réglée au millimètre. Voici un poème scénique enchanteur, qui nous confronte aux Eléments, nourri de verdure, de pétales de fleurs, de plumes et de percussions corporelles.

Mais il y a aussi des clowns et des athlètes, un côté music-hall notamment porté par Bernard Kudlak et Cyril Casmèze, athlète zoomorphe à la fois chien et ours, et une brochette de jeunes acrobates au sommet de leur forme, dont une contorsionniste extraordinaire de souplesse et de virtuosité. Tous se mettent au service d’une esthétique onirique et sauvage à laquelle contribue la toile de Charles Belle, abandonnée plus de deux ans au vent et à la pluie dans la forêt, qui apporte une force tellurique avec ses branches et ses jeux de miroir lunaires. Les musiciens se transforment en hommes préhistoriques ou en indigènes fantasmés et le collectif lui-même forme une tribu. Les allusions sont parfois fugaces et d’autant plus frappantes, comme cette évolution darwinienne du singe à l’homme imagée en quelques secondes, ou ces apparitions du père Noël et du père Fouettard.

De la poésie, de la virtuosité physique, du music-hall qui sonne juste, tout est subtil, profond et léger à la fois, de sorte qu’on n’a pas l’impression d’une succession de performances mais d’un ensemble harmonieux. Tout se fond dans le son et la lumière, avec une fluidité naturelle entre des aspects comique, athlétique, poétique dont aucun ne domine les autres. Seul bémol, un tableau final appuyé, alors que le reste est si léger…

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