Une leçon d’histoire de France (de l’an mil à Jeanne d’Arc) de Maxime d’Aboville

Maxime d’Abboville est un des comédiens les plus brillants d’aujourd’hui. Il a d’ailleurs obtenu en 2015 un Molière  pour son rôle de valet manipulateur dans The Servant, où il était incomparable de noirceur maîtrisée. C’est aussi un fanatique d’histoire de France, qui connaît son affaire sur le bout des doigts, comme en témoigne ce double spectacle conçu en 2010 et qui raconte deux pans de notre histoire : le premier qui s‘étend de l‘an mil à Jeanne d’Arc – l’objet de cette critique – et le second de 1515 au Roi Soleil.

D’Aboville s’est tellement bien approprié les extraits de Michelet, Chateaubriand et Bainville qu’il semble avoir composé cette histoire lui-même. Il incarne la figure attachante du maître à l’ancienne, avec sa blouse, son nœud papillon et sa baguette pour désigner telle ou telle ville de la carte, recourant aussi à ces grandes images qui illustrent les moments clés de l’histoire de France. Sa diction tout en variations s’étire ou se précise, tantôt adoucie tantôt emphatique, et parfois il émet de petits râles d’approbation ou de surprise pour commenter les réponses de la classe. Son personnage de maître chauvin vit son récit comme une histoire personnelle, qui s’exalte au moment des victoires et souffre le martyre des défaites.

En une heure et quart, 500 ans d’une histoire de France méconnue défilent sous nos yeux, rythmée par la guerre de 100 ans et les infamies de cour. De l’accession au trône des premiers capétiens au procès de Jeanne d’Arc brûlant au bûcher, les événements prennent corps à travers ce « roman national » revenu à la mode, succession de batailles marquée par cette rivalité franco-anglaise qui semblait ne pas finir. En 1066, le duc de Normandie Guillaume le Conquérant, en devenant Roi d’Angleterre, exporte outre manche notre ancien français, quelques siècles avant l’occupation anglaise de la Normandie et de l’Aquitaine qui leur appartiennent encore en 1429. Certes, le spectacle prend des allures de Questions pour un Champion du troisième âge en pleine réminiscence de la communale, mais c’est le côté interactif d’un tel programme ! Et un gage de réussite pour cette machine à remonter le temps.

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