Akoreacro – Dans ton cœur, mis en scène par Pierre Guillois

La compagnie Akoreacro a été créée il y a quinze ans par quatre jeunes gens formés à l’école du cirque de Moscou, dans la tradition la plus exigeante et la plus pure de la voltige. Son chef, Romain Vigier, veille au grain. Après Klaxon avec Alain Reynaud, la troupe a pris des risques en demandant à être dirigée par le metteur en scène Pierre Guillois, qui a écarté beaucoup d’idées inutiles pour arriver au cœur du sujet : raconter l’histoire d’un couple. Ce faisant, ce troisième spectacle intitulé Dans ton cœur retrouve le sens du nom de la compagnie, en laissant entendre l’expression « à corps et à cris » .

Au début, les déménageurs amènent l’électroménager, créent le sol en damier de la cuisine, et l’histoire se déroule : celle d’un couple attachant formé par le petit moustachu et une brunette habillée en rouge, qui se rencontrent à l’usine, tombent amoureux, font des enfants, se trompent, se séparent, se retrouvent, s’engueulent… Sans oublier de vivre des péripéties comme cette agression nocturne qui donne lieu à une scène de combat à la Tarantino, dans un clair-obscur très graphique, tout comme ces passages façon Mario Bros en 2D derrière une palissade, visibles d’une partie du public tandis que l’autre assiste aux coulisses. Le tout est porté par quatre musiciens suspendus sur des perchoirs aux quatre coins de la piste.

Il est rare de voir un spectacle de cirque contemporain qui arrive à raconter une histoire. La troupe le doit à son metteur en scène actuellement à l’affiche au Rond-Point dans Bigre. Il a travaillé le côté burlesque, loin du réflexe habituel des troupes qui juxtaposent les tableaux post-apocalyptiques, loin aussi des délires intello voulant absolument donner du sens à des exploits physiques… Ici, la performance est mise au service d’une narration, c’est-à-dire que les portés et la voltige, le trapèze et les sauts servent les mouvements des personnages, l’homme et la femme qui s’embrassent dans les airs.

Oui, on se délecte de cette 1h15 sans temps mort, où la technique se fond dans la narration d’une histoire domestique.

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