Gauthier Fourcade – Si j’étais un arbre

Humoriste pudique et singulier, jongleur virtuose avec les mots, Gauthier Fourcade est un personnage aussi modeste que brillant. Et pourtant, il s’offre un privilège d’habitude réservé aux défunts, en présentant à la Manufacture des Abbesses la rétrospective de son oeuvre théâtrale, soit un spectacle par mois.

Après avoir joué en septembre Le cœur sur la main, constitué de saynètes distinctes bien que toutes nourries de jeux de mots d’une grande puissance poétique, Si j’étais un arbre, son deuxième spectacle, était joué en octobre. Ici, les sketchs sont liés entre eux par des échos thématiques. Les mois de novembre, décembre et janvier sont dédiés aux trois spectacles suivants, tous écrits d’un seul tenant comme des pièces proprement dites : Le secret du Temps plié, Le bonheur est à l’intérieur de l’extérieur de l’extérieur de l’intérieur ou l’inverse et Liberté avec un point d’exclamation.

Dans cet opus fragile et transitoire mis en scène par Marc Gelas, Gauthier Fourcade se cherche, avant de livrer d’une façon détournée quelques bribes de ses origines pieds-noirs, en évoquant ces oranges d’Afrique du Nord et cet arbre généalogique – « gêné par la logique » – sur lequel il grimpe en quête de son identité.

Mais il y a aussi des choses plus légères, comme cette répétition de réveils chaque fois plus matinaux ou cette démonstration par l’absurde que Dieu est une chaussure, annonciatrice du tout dernier spectacle. Enfin, le personnage tente de redemander sa femme en mariage, pour nourrir l’excitation d’un désir chaque année renouvelé, lui qui se définit comme un « éjaculateur précoce du mariage » : « J’ai tout donné d’un coup et on peut pas recommencer ».

Voilà donc un comédien d’une grande sensibilité, aux textes empreints de tendresse et d’intelligence, qui dédicace son livre à la fin en proposant aux spectateurs de venir essayer le jeu de réflexion qu’il a inventé, Yin yang, dont on établit soi-même les règles. Comme ces mots tombés du ciel sur la feuille blanche et qu’on explicite a posteriori, pour faire passer un message.

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