Demain je ne sais plus rien, par Sylvain Decure

Parmi une programmation éclectique, la petite scène du Plateau, centre dramatique national de quartier, a accueilli le solo de cirque de Sylvain Decure, formé au centre national des arts du cirque et ancien membre du Collectif AOC.

Sur scène, l’artiste est seul dans une cabine de verre remplie de sacs plastiques qui semblent des plumes. Une forme émerge, lentement, on distingue une main, on songe à l’éveil du cygne, puis une tête, un corps… On attend un mouvement, voilà, il commence à bouger, s’accroche aux parois, les pieds, le dos ou la tête collé aux vitres. Et voilà qu’il s’agite, mime la maladie, l’ivresse, la violence, la guerre et c’est maintenant un fou en cage, à deux doigts de tout faire exploser. Progressivement, il investit l’espace de biens de consommation, un réveil, un parapluie, un enjoliveur, un grille-pain, une valise, une télévision… Stop, il ne peut plus se mouvoir, respirer, vivre même !

De même qu’il n’est pas évident de tenir seul la scène avec un récit non humoristique, ce solo qui mêle mime et chorégraphie acrobatique asphyxiée tient difficilement en haleine. On s’ennuie un peu, on sourit parfois, mais il se passe pas grand’ chose dans cette parabole critique et convulsive de la société de consommation, d’autant qu’à aucun moment Sylvain Decure ne sort de sa cage transparente. Ici, la force du collectif et l’énergie du chapiteau ont disparu, pour consacrer un projet à visée intellectuelle qui tourne en boucle. On se console avec l’intérêt esthétique du projet, et l’image finale de la cabine remplie à ras bord d’objets disparates qui constitue une installation digne de figurer au centre d’art contemporain du Plateau, de l’autre côté de la rue.

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